Et quand je dis soyons mystiques, je ne suggère à personne de se teindre la peau en bleu et les cheveux en rouge. Non, je veux parler du testament mystique.
Pourquoi ? Parce qu’au détour de la lecture de quelques articles du code civil, je suis retombée sur les dispositions sibyllines selon lesquelles « un testament pourra être olographe ou fait par acte public ou dans la forme mystique ».
Pour les deux premières catégories, pas de difficulté. Un testament est «fait par acte public» lorsqu’il est réalisé devant notaire(s). Quant au testament olographe, c’est le plus simple et le plus usité : il consiste tout simplement à écrire entièrement à la main son testament, à le dater et à le signer.
Mais pour le testament mystique, j’avais beau me creuser la mémoire à la recherche des bribes de mon cours de droit des successions : peine perdue.
Alors, finalement, de quoi s’agit t’il ? A vrai dire, c’est une forme testamentaire peu usitée, assez obsolète – mais au nom tellement poétique – et qui est un mélange des deux précédentes.
En effet, celui qui veut tester en la forme mystique doit tout d’abord rédiger ses volontés, à la main ou mécaniquement, ou les faire rédiger par un tiers, partiellement ou entièrement. Peu importe que le document ne soit pas daté ; en revanche, il doit être signé.
Ensuite, le testateur se rend en personne chez un notaire, lui présente le testament clos et scellé, indique que le document qu’il remet contient ses dernières volontés, et le fait enregistrer par le notaire devant deux témoins.
L’intérêt, supposé, de ce testament est qu’il cumulerait les avantages du testament olographe (secret) et ceux du testament notarié.
En réalité, il faut rappeler que le testament devant notaire peut tout autant être secret, puisque la présence de témoins n’est pas requise et que l’acte peut être réalisé devant deux notaires, à la discrétion assurée.
En outre, puisqu’il n’est pas requis que ce soit le testateur lui-même qui aie rédigé le document, le secret n’est guère assuré si c’est un tiers qui a tenu la plume.
Autrement dit, ce n’est pas forcément la forme testamentaire la plus recommandée pour celui qui veut assurer la sécurité juridique de sa succession.
Voilà. Vous savez désormais l’essentiel des règles du testament mystique, et la beauté de la chose, c’est que très probablement, vous n’en entendrez plus jamais parler.